Le Maroc en images et en poèmes ...


J'ai placé des photos du Maroc, des poèmes d'Israel. Un mix vers le rêve.

une fenêtre sur le monde
Les photos se passent aisément de commentaires .

 

 

 

 

 Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Verlaine

 

 

 

 

 

 Espoir - Naim Araide

Je suspends encore mes espoirs
aux repères du rivage
qui se prépare à l’été
l’anneau de sable se moque du sens de l’écriture
et le cycle des vagues ne se voit pas à l’oeil nu.

Je suis l’ami de l’ami de la mer
et l’ennemi de l’ennemi de la terre
entre les deux rien sinon l’air
se mêlant parfois au vent rapide
se traînant parfois comme une tortue.
Entre célérité et lenteur
je respire la solitude qui demeure.
Ma montre ne sert plus à personne
sauf à celui qui la porte
le temps s’attarde
d’un côté à l’autre
de la mer.

Seul qui l’aime marque un lieu
aussi je suspends encore mes espoirs
à l’échafaud d’un espoir lointain
tantôt ici tantôt là
et quand viendra l’heure
ma montre restera sans poignet.

 

Naïm Araïde est né en 1950 dans le village druze et arabe de Maghar, en Haute-Galilée. Diplômé de littérature hébraïque de l’Université de Haïfa, il a obtenu son doctorat à l’Université Bar Ilan. Auteur de plusieurs recueils de poèmes en arabe, il a également publié en 1991 un recueil de poèmes en hébreu, dont quelques-uns figurent dans le numéro 76 d’Ariel

 

 

 




 

 

 

Ennui - Fahd Abu Khadra

Nous avons passé tant de nuits à préférer la lune
chantant et enchantant ses rayons
Notre séducteur balançait un bateau
adorant la vague, amoureux des voyages

Puis nous nous levions pour trouver nos poèmes
plainte gémissante accablant le sort

Que les jours en séduisent donc d’autres
il ne nous reste à nous que l’ennui

Qu’on ne s’enquiert pas de nous car
le silence a séché dans nos yeux pluie et rosée

Le sort nous a frappé sans nous fouailler
ni nous atteindre plus qu’une pierre

En regardant bien, nous verrions nos ombres
portant trace de chaque mort

Que les jours en séduisent donc d’autres
il ne nous reste à nous que l’ennui.

 

 

Fahd Abu Khadra, né à Kfar Rena en 1939, est l’auteur d’une thèse de doctorat sur la poésie arabe classique et moderne soutenue à l’Université hébraïque de Jérusalem en 1978. Chercheur à l’Université de Haïfa, il enseigne également à l’École normale arabe de la ville. Il a publié neuf recueils de poèmes.

Distances - Michel Haddad

Par ce vol
nous avons quitté les nôtres
car que sommes-nous devant eux ?
Pantelant de désir
mêlant le doute aux certitudes
nous avons lesté nos tourments de lourdes pierres
et calculé la portée du vol

O Dieu ! Que ce vol allège nos âmes
ôtant de nous le chagrin
il atterrit dans nos coeurs impatients
nous hurlons de désir
nous ne sommes pas là où ils sont
car que sommes-nous face à leur fragrance suave ?

Ce souhait tant chéri
nous jette dans un dédale
nous pousse au désespoir
progresse vers un printemps verdoyant
pour ceux qui nous veulent
présents ici
nous rassemblons en hâte
nos pensées éparses.

 

 

 

Michel Haddad (1919-1996), « père » de la poésie arabe en Israël, a publié onze recueils de poésie ainsi qu’un ouvrage autobiographique. Des mélanges parus en 1992 sous le titre Un poète sous surveillance publiés par plusieurs écrivains et critiques littéraires expriment un hommage vibrant à Haddad pour l’influence qu’il a exercée sur la poésie arabe en Israël.

 

 

 

Les rescapés - Cecile Khahly

Les vagues se brisent et nous décidons d’obéir
reprenant le noeud de la plaisanterie
avec la mélancolie couleur de miel
couleur de l’amour
et un salut.

Ce qui était poème d’amour
est devenu victime
aussi nous décidons d’arrêter
de laisser toutes les morts nous balayer
et de laisser vivre les rescapés.

Cecile Khahly est écrivain et poète. Son dernier recueil de poèmes, qui suit les trois premiers, a été publié en 1994 .

 

 

 


Les larmes seront larmes

Mahmud El-Sakh


Les larmes seront larmes
la tristesse sera tristesse
les roses qui partout se rient
nous unissent dans l’amour
les terrasses parleront-elles de nous un jour
dans leur délicieux bloc-notes ?
La terre nous évoquera-t-elle
un jour
dans sa douce chanson ?
Une année bourgeonne
une autre pointe
tandis que le coeur qui de la rose se languit
souffre de la guerre, souffre de la guerre.

 

 

 

 

 

Mahmud el-Sakh, né en 1956 à Arrabat-el-Battouf, est depuis 1976 diplômé de l’Ecole normale pour enseignants arabes et enseigne dans son village natal. Auteur de six recueils de poèmes, dont le dernier est paru dernièrement, il y exprime son amour de la nature, son attachement pour son patrimoine culturel et sa nostalgie pour le passé.

Aloma Halter

Mon coeur donc est en lambeaux tous les liens rompus avec parents et amis
ô mon amour ouvertement trahi le sort en a-t-il bien jugé ?


Cahiers de Delacroix au Maroc

Dois-je perdre le toucher de tresses d’argent traçant sur ma paume des lignes amoureuses
Est-il juste d’éloigner de mes lèvres l’élixir parfumé de ma vie ?

Ma vie naguère en bourgeon devenue une branche morte
Mais je suis un Arabe, je ne céderai pas un jour tu verras
Je ne trébucherai pas je purifierai notre amour
Tout comme la rosée renouvelle la joie
De perler goutte à goutte faisant fleurir
Des roses si belles parfumées et douces au toucher
Car l’amour croît s’il est fidèle et la nuit s’offre quand le joueur cherche fortune.

Poèmes traduits par Sarah Goldstein

     
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